Découvert lors d’une opération d’analyse du bâtiment, sûrement avant 2016, le décor peint ceint toute la pièce du 2nd niveau du bâtiment classé monument historique.
« Bien que d’ exécution assez dépouillée, cette composition s’ inscrit pleinement dans l’esprit de la seconde Renaissance Italienne, dans son expression la plus classique, c’est-à-dire telle qu’ elle s’ est d’abord manifestée à Rome, dans les loges du Vatican, lorsque Raphaël et ses collaborateurs ont ravivé, entre 1518 et 1550, des prototypes antiques en puisant directement sur le motif, lors des fouilles de la Domus Aurea.
C’est le « modèle idéal » que les artistes, ornemanistes, graveurs burinistes propageront en Europe Occidentale, notamment en France sous François 1er et Henri II.
La composition sur toute la périphérie de la pièce, la structure graphique, l’ organisation des éléments, sont inspirés de ce modèle et en reprennent les critères:
- Sur un fond clair, la frise horizontale se compose à partir de cartouches ovales à volutes placés systématiquement au centre des travées entre les poutres.
- De part et d’autre de ce cartouche central se déroulent en symétrie parfaite de fines structures qui portent et juxtaposent sur un même plan des éléments éclectiques, figures mythologiques, putti, animaux, végétaux, chimères, objets, vases, mélangeant les registres, les calibres, les ordres, avec légèreté.
Une thématique guerrière
De part et d’autre des cartouches, sur la portion de l’élévation est comme sur celle qui la jouxte immédiatement au nord, c’est autour d’un protagoniste de la mythologie romaine que s’organisent les différents éléments, qui sont pour certains les attributs de celui-ci :
Le personnage féminin qui porte un bouclier et se tient sur un trône surmonté d’un vase – un dais, pourrait être la déesse Bellone, sinon plus certainement Minerve, elles partagent toutes deux le statut de figure allégorique de la Guerre.
La seconde est attachée en outre à des valeurs de sagesse, de protection, d’intelligence. Les attributs apparaissent en nombre restreint, néanmoins, il faut partir du principe que ce sont des entités connues pour un esprit éclairé à cette période. Certains d’entre eux, comme le bouclier, le cerf, l’escargot, reviennent fréquemment dans l’iconographie de ces deux figures.
La fonction symbolique des éléments représentés est toujours à lire et interpréter en relation avec le thème général qui se déploie. On avancera donc avec prudence sur leur signification propre. En comparant les éléments de cette travée de décor et les deux scènes mises au jour par les sondages sur deux cartouches de l’ élévation ouest, il semble que ce cycle, à priori métaphorique (les protagonistes, sur les trois cartouches, ne sont pas clairement assimilables à des
entités connues), sans prédominance d’un camp sur l’autre («il y a deux bâtons de guerre»), porte dans une conception humaniste une interrogation philosophique sur le conflit en tant que tel, lu dans ses aspects négatifs : Les deux putti placés de part et d’autre du trône de la déesse tendent le bras vers deux oiseaux qu’ils nourrissent de façon égale.
A gauche, l’oiseau, une créature fantastique, est imposant dans son format, son attitude, sa gestuelle. Il est associé à une structure fine en enroulement qui occupe la hauteur du panneau, volute qui crée une cinétique des éléments, un effet de mouvement amplifié par l’attitude bondissante du cerf qui ferme le panneau à gauche. La présence du noble gibier rappelle aussi que la guerre primitive est, comme le disait Roger Caillois (Bellone ou la Pente de la guerre, 1963) « apparentée à la chasse : l’ennemi est un gibier qu’il s’agit de surprendre ». La figure du cerf bondissant revient abondement dans toute l’iconographie médiévale de la chasse. Cet ensemble évoque les aspects tumultueux de la guerre.
A droite, on trouve des animaux traités dans une expression naturaliste, l’oiseau nourri, de taille modeste, est associé à une libellule et un escargot. Ce dernier repose sur une petite structure fine en angle droit, qui se termine en une volute régulière. Ce fin rinceau se rattache directement au cartouche central. On assimile généralement l’ escargot à la lenteur, la tempérance, la réflexion. L’aspect statique, posé, des éléments vient en contrepoint du registre de gauche.
Ce registre encadre directement le cartouche central, il l’accompagne. »
Auteur : Atelier Noémi











Crédit photo : Atelier Noémi
